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Nom d'un chien ! Fly, chien guide toulousain, habitué du TGV et du métro parisien

rencontre avec FLY, un globe-TROTTER HORS PAIR

Nom :  Fly

 

Association de rattachement : Ecole de Chiens Guides du Grand Sud-Ouest (Toulouse)

 

Date de naissance : Né le 5 décembre 2010

 

Race : Berger Australien

 

Remis à : Dominique

entre hier et aujourd'hui : le parcours de fly

Bonjour à vous !

 

Je suis Fly, berger australien de bientôt 9 ans, et je guide ma maîtresse Dominique depuis 5 ans. Mon cas est particulier, je suis ce qu'on appelle une deuxième remise, ayant été confié à 2 ans à une dame qui est très vite tombée malade, notre relation a dû s'interrompre, et je suis revenu dans ma famille d’accueil.

 

Lorsque je suis arrivé chez Dominique, il y avait Vic, le chien qui m'avait précédé, un berger australien aussi, qui était en retraite, donc, devenu simple chien de compagnie. Il faut que je vous dise que je suis le cinquième chien de ma maîtresse qui a eu son premier compagnon guide en 1978, au sortir de la fac. Et ma maîtresse a toujours gardé ses chiens, lorsqu'ils devenaient trop vieux pour travailler. Il faut, pour cela, vivre dans des conditions favorables pour les chiens vieillissants, avoir de l'espace dans l'appartement, être disponible, même si on travaille, pour s'occuper des deux, etc. Mais, d'après ses dires, cela a toujours très bien fonctionné. Vic est resté avec nous durant presque 4 ans, et il a été un très bon mentor, un véritable frère pour moi. J'ai déprimé après son décès, et il m'a fallu du temps pour me remettre.

 

Nous habitons Toulouse. Toutefois, ma maîtresse est présidente de l’Association Nationale des Maîtres de Chiens Guides, dont le siège est situé à Paris, et cette fonction l'oblige à se rendre très souvent dans la capitale, par le TGV. Et là, il faut que je donne toute ma mesure, vu que la circulation à Paris, qu'on soit piéton sur les trottoirs, ou voyageur dans les transports en commun, n'est pas une plaisanterie, surtout lorsque, comme nous, on est habitué à une banlieue tranquille.

 

DE TOULOUSE À paris : LE TEMPS D'UN VOYAGE !

Les jours de départ pour Paris sont très intenses.

 

Nous nous levons très tôt, enfin, elle se lève, parce que, à ces heures matinales, moi, je dors. Il faut pourtant bien que je fasse l’effort, ne serait-ce que pour déguster la gamelle qui m'attend. Une fois les bagages bouclés, il nous reste une demi-heure avant de prendre le métro pour la gare, et ce temps m'est entièrement consacré. En effet, ma maîtresse tient à ce que je me détende comme il faut avant d'entamer cette journée. Nous marchons beaucoup tous les deux. Nous accumulons quotidiennement les kilomètres, c'est bon pour la santé, mais surtout, je suis un chien qui a besoin de se détendre. Tous les chiens guides ont besoin de détente. Tout le monde sait, ou devrait savoir, que, de la bonne détente du chien, dépend la qualité de son travail. Le travail d'un chien guide est extrêmement contraignant, il requiert une concentration et une attention soutenues, et si nous, les travailleurs, nous ne nous vidons pas la tête du stress que nous cause ce boulot, notre travail peut s'en ressentir.

 

Il nous faut éviter les obstacles, pointer dans l'espace les objets que nous demande notre maître : composteurs, passages piétons, bords de trottoirs, rampes d'escaliers, etc. On dit que nous pouvons apprendre 50 ordres, il nous faut tout surveiller, et cela, fort souvent, en marchant vite. C'est dire le sérieux qu'il nous faut acquérir !

 

Donc, après cette demi-heure de détente, généralement alors qu'il fait encore nuit, nous partons, par le métro, pour la gare, où nous attend le TGV qui en 4h20 nous conduira à la gare Montparnasse.

 

Je n'aime pas trop les véhicules, et ce de toute sorte, dans lesquels je suis obligé d'accompagner ma maîtresse. Il faut que je reste immobile, ce qui ne me plaît pas. D'ailleurs, rester immobile, ça ne plaît pas non plus à ma maîtresse.

Mais nous patientons ensemble, et nous arrivons à destination assez sereins.

 

Là, il nous faut aller à pied déposer le sac qu'elle porte sur le dos à notre lieu d'hébergement. Cette petite marche nous fait du bien à tous les deux, même si elle râle parce que ce fichu sac est trop lourd. Mais il est très important, ce sac. Il contient mes deux kilos de croquettes pour la semaine, mon tapis, et ma gamelle. Plus, bien entendu, ses propres affaires, mais cela a moins d'importance...

 

Une fois le sac déposé au lieu d'hébergement, nous faisons un petit tour de quartier, histoire que je fasse mes besoins au caniveau, puis nous nous rendons au siège de l'association, situé à l'autre bout de la ville.

 

Là, cela devient plus sérieux. Il nous faut prendre 2 lignes de métro, dont la ligne 13, toujours bondée, assez capricieuse, s'arrêtant assez souvent pour des causes diverses. Fort heureusement, nous n'y restons que le temps de 6 stations, avant de rejoindre une autre ligne, beaucoup moins fréquentée. En tout, nous avons dans les 40 minutes de trajet. Je n'apprécie pas véritablement le métro parisien. Il y a du monde, on me marche dessus, on nous bouscule, on râle même parfois après ce chien qui prend de la place, je sens que ma maîtresse fait de gros efforts pour demeurer polie. Toutefois, généralement cela se passe bien, les gens sont plutôt sympas, et il arrive souvent qu'on veuille nous aider, alors que nous savons parfaitement où nous allons. Mais ma maîtresse essaie de toujours remercier, de manière à ne pas décourager les bonnes volontés.

Lorsque nous arrivons à l'association, avant d'entrer, nous faisons un petit tour au parc public voisin. J'ai le droit d'y entrer, comme chien d’assistance, à condition d'être identifié comme tel, avec mon gilet de détente, et dans la mesure où ma maîtresse peut fournir à tout moment les cartes qui attestent que je suis un chien guide.

 

Généralement, les gens pensent que le fait de porter un harnais où les mots "chien guide" figurent suffit à prouver que le chien est guide.

 

Cela n'est pas exact. Ma maîtresse doit souvent répéter que ce sont les documents officiels qui font le chien guide, et non le harnais qu'il porte sur le dos. Donc, nous faisons un crochet par le parc voisin, où je peux me détendre un peu.

 

J'aime bien aller à l'association. Il y a souvent un ou deux collègues chiens, avec qui je peux échanger sur mes conditions de travail, sur la manière dont nous sommes traités, sur nos moyens d'action. En principe, mes collègues et moi sommes satisfaits de nos maîtres. Même s’il y a des hauts et des bas.

 

Nous restons environ 3h au siège, ma maîtresse travaille avec les 3 personnes qui se trouvent là, il arrive qu'il y ait une pause-café, qui m'intéresse bien.

 

Après cela, il y a le retour, et, comme nous sommes à une heure de pointe, les métros sont encore plus bondés qu'à l'aller, et je sens le stress qui me gagne. Mais ma maîtresse garde son calme, et elle sait trouver les mots qui m'apaisent, et surtout de grosses croquettes, cachées dans son sac.

Nous rentrons dans notre "chez nous" provisoire, ce lieu d'hébergement où nous allons passer 3 ou 4 nuits. J'ai droit à ma gamelle, bien remplie, le plus rapidement possible.

 

Ensuite, nous retournons faire le tour du quartier, afin que je puisse décompresser du stress accumulé durant toute la journée. Ma maîtresse utilise alors la canne blanche, et elle me débarrasse du harnais, afin que je me sente libre, au bout de la laisse, de renifler ce que je veux, de revenir en arrière, si j'ai mal interprété un message olfactif laissé par un autre chien, auquel d'ailleurs je réponds de même en levant la patte à mon tour.

 

Ma maîtresse accepte de demeurer immobile 5 minutes s’il le faut, afin que je puisse bien lire tout ce qui est dit dans ces messages.

 

Puis vient l'heure d'aller nous coucher, pas trop tard d'ailleurs, parce que notre journée fut longue et intense.


UNE COMPLICITÉ UNIQUE !

Dominique et Fly lors d'un voyage à Bagnol-les-Bains
Dominique et Fly lors d'un voyage à Bagnol-les-Bains

Je suis un grand professionnel. Il y a des choses que je n'aime pas faire, prendre le métro à Paris notamment. Mais je le fais parce que, comme la plupart de mes collègues, je suis généreux, aimant rendre service à l'humain, et, pour ma part, à ma maîtresse.

 

Je me sens respecté dans mon animalité, en tant qu'être vivant, et aimé. Et je l'aime en retour. Depuis le temps que nous circulons ensemble, une grande complicité s'est instaurée entre nous. Elle n'a plus besoin de me parler pour m'indiquer que faire, je le sais en interprétant les mouvements de sa main, de son corps. Et elle aussi, elle interprète mes mouvements, ce qui est parfois dommage, parce qu'elle me reprend lorsqu'elle s'aperçoit que je tourne la tête, ou que je renifle en douce quelque chose d'agréable. Là, j'aimerais bien qu'elle ne s'aperçoive de rien, mais bon, tant pis.

 

 

 

Je suis une véritable éponge à émotions. Cela oblige ma maîtresse à se contrôler, parce que, si je sens qu'elle est stressée, je stresse encore davantage. Je suis content qu'elle se soit engagée dans cette association si généreuse.

 

C'est une association qui s'occupe des maîtres de chiens guides, qui défend leurs droits, qui sensibilise le grand public au chien guide, mais surtout, qui œuvre auprès des pouvoirs publics pour faire avancer les textes législatifs et réglementaires, afin d'améliorer la libre circulation des chiens guides et d'assistance, et de développer le droit d'accès.

 

Je pense être heureux avec ma maîtresse. Et j'espère bien que, dans peu de temps, lorsque je prendrai ma retraite, je resterai avec elle, et que je m'entendrai avec le gamin ou la gamine qui me remplacera dans la fonction de guider.