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Nom d'un chien ! Joey Black, chien écouteur des chiens du silence

RENCONTRE avec joey black (en version plus poilue que brad)

Nom : JOEY BLACK (Joe pour les intimes)

Association de rattachement : ACS

 

Sexe, Date et lieu de naissance : mâme née le 30/03/2014, à l’élevage du chemin des Korrigans 

 

Race : Berger australien

 

Education reçue : Joe est entré au centre d’éducation « les chiens du silence » à 4 mois, il a suivi 14 mois de pré-éducation et six mois de formation pour devenir chien écouteur.

 

Remise à : Audrey, chargée de mission appui au pilotage au sein du Conseil Régional Hauts-de-France 

 

une journee typique de joey

Mes journées commencent tôt. Dès le réveil sonne à 6h du matin, je préviens ma maîtresse avec une petite léchouille. Croyez-moi je suis tendre, mais très insistant. Eh, ouais, vous croyez quoi ? Le fait de s’asseoir au bord du lit en me disant « Joe, c’est bon, je suis réveillée ! » ne me satisfait pas. Oh ! Non, non, non ! Elle est fichue de se rendormir. Quand c’est l’heure, c’est l’heure ! Une heure plus tard, c’est le moment de mon petit tour dehors avant ma journée de folie. J’essaie de jouer 5 minutes avec ma maîtresse, mais elle est comme le lapin dans le film « Alice au pays des merveilles » : elle court partout. Un peu plus tard, en voiture ! En vrai copilote, je suis à l’avant sur le siège passager avec ma ceinture de sécurité : direction la gare à 10 minutes de la maison. Parfois elle fait tout le trajet en  voiture pour aller au travail et j’ai alors des caresses ou une main posée tendrement sur mon dos pendant le voyage, ça m’apaise. Elle aussi, je pense, car c’est une vraie boule de nerfs. . On est toujours à deux, à tel point qu’un simple regard suffit à nous comprendre mutuellement. 

 

Joey black regarde son maître depuis un siège de train

Une fois arrivés à 8 h 15 à la gare, direction le métro. Personnellement, je n’aime pas cet endroit, il y a une foule immense et en plus d’autres chiens. Alors je me montre vigilant, je guette le moindre bagage, chien ou humain suspects. Ma maîtresse me surnomme « vigi papattes ». Vous ne pouvez pas savoir le nombre d’escaliers, d’escalators et d’ascenseurs que je prends dans une journée. C’est à vous donner le tournis.  Ça y est, on est dans le métro. On doit se frayer un chemin, les gens nous bousculent et parfois même me marchent dessus. Alors moi, je les pousse aussi et nous fraye un chemin. Quelques fois ma maîtresse pique une colère quand on me marche dessus. Ma maîtresse n’aime pas la foule. Alors je lui montre que je suis là. Une petite léchouille discrète sur le bout des doigts. Et je me colle contre elle et ne bouge pas. Je connais par cœur le trajet. Nous sortons au deuxième arrêt de métro, montons l’escalier et prenons l’escalator. On me regarde souvent, on nous interpelle parfois. Je me retourne régulièrement pour voir ce qu’il se passe derrière ma maîtresse, car le plus gros danger quand on est sourd n’arrive pas par devant, mais par derrière. « RAS », tout va bien, on continue. Nous voilà dans la rue, première à gauche et tout droit. Je fais attention aux gens qui circulent à pied, à trottinette, à vélo…  Une fois devant l’immense bâtiment, elle me laisse libre d’aller faire une petite pause toilette. Il y a un peu de verdure. C’est sympa. Mais c’est bien mieux à la maison. Je vaque à mes petites affaires, mais je jette régulièrement un petit coup d’œil pour vérifier qu’elle va bien. Elle m’attend toujours au même endroit. Parfois, elle bouge parce que des gens viennent lui parler. Donc aussi vif que l’éclair, je cours me rapprocher d’elle et j’attends. Je scrute l’inconnu, il feint de vouloir me caresser alors je l’ignore car oui, j’ai mis mon harnais de travail, je bosse ! On rentre, direction le poste de contrôle. On ne rentre pas comme ça dans le Conseil Régional. Il faut montrer patte blanche. Coups de chance, j’en ai 4 ! Direction l’ascenseur. Les gens sont curieux et envieux. Pourquoi me direz-vous ! Je suis beau, voilà pourquoi…

 

Une fois dans le bureau, ma maîtresse s’installe. Elle allume tous ses écrans. Moi, je n’y comprends rien. Elle m’installe mon tapis et me remplit une gamelle d’eau fraîche pour la journée et tous les matins c’est comme ça. On se prend 5 minutes pour se faire un câlin et se donner du courage. Moi, je vais m’installer sur mon tapis et je l’observe discrètement.  Mais elle a la bougeotte madame. Elle reste parfois très longtemps devant son bureau et j’en profite pour fermer les yeux, mais je ne dors pas, j’écoute toujours tout. Je suis toujours vigilant et sensible au moindre bruit, à la moindre respiration, toussotement ou râle de ma maîtresse. Le hic est qu’elle oublie souvent qu’elle est bruyante et que le monde n’est pas peuplé que de sourds. Elle est capable parfois de se déplacer 4 à 5 fois dans la demi-heure. Alors je la suis partout, à l’imprimante, à la fontaine à eau, dans le bureau d’un ou d’une collègue, dans le bureau de la direction, aux toilettes…. Bon, parfois quand je sais qu’elle reste dans un périmètre ouvert, je me pose en plein milieu du couloir et je l’observe faire des va-et-vient : ça m’économise un peu. Il arrive que des collègues l’appellent, alors je lui indique que quelqu’un l’interpelle. Parfois, on est tranquillement dans le bureau et les gens frappent à la porte qui est entrouverte. Dans ce cas, je vais vérifier immédiatement qui entre et ensuite, je me rapproche de ma maîtresse puis je reste à ses pieds jusqu’au départ de la personne. Ma maîtresse a tendance à faire tomber des objets. Elle sait qu’ils sont tombés, mais où exactement, elle l’ignore. Là encore, c’est à moi de l’aider.  

 

 

Audrey et Joey Black posant dans leur bureau en face de l'ordinateur

 

 

A 12h30, c’est l’heure de ma petite pause à l’air libre.  Il m’en faut des pauses parce que j’ai un travail : je suis « l’élu », l’élu de son coeur, c’est sûr, mais surtout, je suis « élu » pour prendre soin d’elle, l’aider dans le quotidien, lui faciliter la vie, la rassurer, être sa moitié, son guide dans ce monde bruyant. Elle m’offre une place dans sa vie, une famille, et moi, je lui offre le monde. Je suis ce qui lui manque : deux oreilles efficaces et performantes et plus si affinité. Avec moi, elle va partout même dans les endroits où un humain tient à peine tout seul, vous imaginez… Si elle ne peut pas m’emmener alors elle n’y va pas. Au travail, quand ses journées sont chargées de stress et de contrariété, là encore, je viens contre elle lui rappeler qu’elle n’est pas seule. Un geste, un regard sont échangés tendrement puis c’est reparti.

 

 

A 17 h 30 ou 18 h 30, selon les jours, on repart à la maison. On reprend le métro puis le train et ensuite la voiture. Une fois à la maison, on peut souffler. C’est plus tranquille. Elle me retire mon gilet de travail, puis là comme elle dit, j’ai « mon grain de folie ». Je cours, dérape, saute partout ! Elle joue à la balle, la corde, ou elle me court après : j’adore ça parce qu’elle ne peut pas me rattraper donc elle use d’ingéniosité mais perd toujours. Au bout, d’un moment, on va à la cuisine, endroit que j’aime bien parce qu’il y a toujours quelque chose qui sent bon, et qui tombe. Même si c’est tombé, en chien d’assistance digne de ce nom, j’attends et lui indique l’objet. Si c’est pour moi, j’attends l’autorisation pour y aller. Le four sonne pour indiquer de mettre le plat au four. Je m’assieds et lui montre avec le regard la provenance du bruit. Elle sait ainsi qu’elle peut mettre le plat dans le four.

 

Joey Black allongé sur le carrelage et se faisant caresser le ventre par le compagnon de sa maîtresse

Mon maître arrive, je lui indique la porte. Elle l’ouvre pour l’accueillir. Et là, c’est la fête. Je suis content, heureux. Je chahute avec monsieur. Puis le four sonne de nouveau pour indiquer la fin du temps de cuisson. Ni une ni deux, je le lui montre.

 

 

Parfois quand je sais qu’elle est avec des personnes de confiance, je me relâche un peu et leur indique l’origine du son pour qu’ils s’en occupent. Mes journées sont longues et bien remplies. Ça continue jusqu'à la fin du repas, la prise du mien, et son entrée dans la salle de bain. À 19 h, je mange. Tout le monde sait que si on dépasse l’heure, je me montre quelque peu insistant : vous n’aurez pas d’autre choix que de me nourrir. L’entrée en salle de bain de ma maîtresse indique l’approche du coucher. J’attends derrière la porte. Parfois, elle fait tomber des choses alors je vais chercher mon maître pour qu’il vienne ouvrir la porte. D’autres fois, je vérifie que tout va bien parce que c’est trop long, mais ne lui dites pas… Il lui arrive de regarder un film après sa toilette. Mais par des allers et retours de la chambre au salon, je lui rappelle avec insistance que c’est l’heure d’aller dormir. Si je n’ai pas la réaction escomptée, j’use de mon charme naturel. Je m’assois, la regarde fixement et lui indique d’un geste de la tête la direction de la chambre. 

Elle me demande de rester et de coucher là avec eux près du canapé, je le fais bien volontiers. Mais dès qu’ils bougent, je n’hésite pas à leur rappeler l’heure, et qu’il faut aller se coucher.  Elle me dit « Joe, va te coucher si tu es fatigué ». Alors je réalise un aller-retour du salon à la chambre et reviens à son côté, j’attends. C’est elle que j’attends. Quand enfin, elle prend la direction de la chambre, je suis content. On me sort avant, puis direction la chambre. Un petit câlin, un petit bisou, une tendre parole « bonne nuit Joe, à demain » et me voilà couché à son côté à guetter ses cauchemars et ses réveils impromptus pour la rassurer. Une caresse, et on retourne dans les bras de Morphée. Voilà une journée type sans trop de déplacements, ni de réunions. Ma maîtresse va régulièrement travailler 2 à 3 fois par semaine sur la Côte d’Opale. Là, on a 4 h de route en voiture par jour et on se rend sur plein de sites différents. Il y a de nombreux collègues et beaucoup de goélands. Je n’aime pas les goélands, un jour une troupe d’oiseaux m'a coursé sur tout le parking parce que je reniflais à droite et gauche pour faire mes petites affaires. Je me suis fait bombarder. Un vrai massacre… Ma maîtresse m’a appelé pour m’indiquer l’endroit où je pouvais me réfugier. Croyez-moi, ce jour-là, je ne faisais pas le fier. Si parfois je suis peureux, ma maîtresse est là pour me rassurer et m’aimer comme je suis. Après tout, je l’accepte comme elle est.

La petite histoire...

Un week-end, ma maîtresse s'est levée de très bonne heure : j’ai cru qu’on repartait au travail. Elle m’a habillé pour sortir (collier, harnais de travail et laisse). Mais moi, je voulais juste rester avec elle à la maison, alors j’ai joué de mon charme. Mais c’est têtu un humain. J’ai simulé une grosse blessure à la patte avant droite. Ma maîtresse, s’est immédiatement inquiétée. Je me suis assis à son ordre et elle a vérifié et massé ma patte. Puis, elle m’a dit « comédien !! Tu triches ! Allez, on y va !! ». Je n'avais pas fait deux mètres, que je simule de nouveau une blessure à la patte avant gauche (bah, si la droite n’a pas fonctionné pourquoi pas essayer la gauche). De nouveau, elle s’arrête et vient à ma hauteur. Elle vérifie ma patte, me masse et moi, j’en profite pour lui faire une léchouille sur le visage. Elle me regarde avec un sourire éclatant. Je la regarde avec mes yeux les plus tendres et les plus tristes. Elle me dit "on va en course ! Allez, on y va et arrête ton cinéma ! ". Vexé, je souffle et me redresse, mais je ne bouge pas. Elle avait déjà fait quelques pas, se retourne de nouveau et me dit « allez Joe, ta place, on y va ! ». Ma place c’est auprès d’elle. C’est alors que j’ai avancé en boitillant des deux pattes avant. Vaine tentative, rien n’y a fait, elle n’est pas tombée dans le panneau. Elle a ouvert la portière de la voiture et m’a appelé. J’ai n’ai pas résisté et j’ai sauté comme un fou sur le siège. On a passé une très bonne journée, ce jour-là. On est allé à la boulangerie, au marché et au fleuriste. Bon, en fin de matinée, j’étais crevé et on est rentré. Elle a cuisiné le reste de la journée et moi, j’ai navigué de la cuisine à la terrasse pour me faire chauffer par le soleil. Mais j’ai continué de veiller sur elle. Je ne suis jamais bien loin.

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