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Quelle est donc la différence entre un chien bien éduqué et un chien de médiation ?

Cet article a fait l'objet d'une publication le 13/09/2018 sur le blog de la médiation animale dans le cadre du partenariat entre Canidea et Resilienfance.

 

Portrait de deux chiens en noir et blanc. Crédit : CC0
Portrait de deux chiens en noir et blanc. Crédit : CC0

La question est récurrente. Elle survient au détour d’une conversation entre professionnels de la médiation animale. Quelle est donc la différence entre un chien bien éduqué et un chien de médiation ? A CANIDEA, la réponse est claire : il n’y a pas une mais des différences. Ce sont d’ailleurs ces différences qui justifient les mois d’éducation que reçoivent les chiens de médiation qui sortent du réseau de CANIDEA. Après cet article, vous ne regarderez plus les chiens de médiation de la même façon, car ces professionnels à quatre pattes ont un ensemble de compétences que les chiens de famille n’ont pas forcément.

PREMIÈRE CLARIFICATION : QU’ENTEND-ON PAR « CHIEN BIEN ÉDUQUÉ » ?

Les éducateurs canins s’accordent sur 5 grands principes de base qui sont appris pendant la primo-éducation (l’éducation du chiot) : la propreté, le « assis », le rappel, le « pas bouger » et la marche en laisse. D’autres comportements plus complexes peuvent être canalisés à partir de ces commandes de bases. Ainsi, un chien apprendra-t-il à ne pas sauter sur inconnus car son maître aura su l’arrêter avant avec le « assis ». De même, il est impossible de lui apprendre à ne pas mendier s’il ne maîtrise pas le « pas bouger ». On voit ici comment les 5 grands principes sont le B-A-BA du chien « socialement correct ».

Deuxième clarification : qu’entend-on par « chien de médiation » ?

Le chien de médiation est un chien d’utilité, c’est-à-dire un chien qui travaille pour l’être humain. Comme tous les autres chiens d’utilité (chien d’avalanche, chien de détection de stupéfiants, chien d’assistance, chien de berger…), il est attendu de lui qu’il effectue une mission précise sur des temps définis. Le chien de médiation apprend donc un « métier » pour lequel il doit avoir des aptitudes. Il n’entre pas en fonction tant que son éducation n’est pas terminée et il viendra un jour où il partira à la retraite.

A partir de ces clarifications, listons les différences

Deux chiens se disputant une balle de tennis Crédit : CC0
Deux chiens se disputant une balle de tennis Crédit : CC0

Nous ne reprendrons pas ici les critères de sélection des chiens avant leur éducation : c’est un sujet en soi qui serait trop long à reprendre pour cet article. De même que personne ne s’improviserait plombier, avocat ou psychologue, les chiens ne peuvent se voir attribuer une mission d’utilité sans éducation préalable. Là où les activités de sauvetage ou de détection sont claires pour tout un chacun car les tâches accomplies sont immédiatement visibles, le travail de médiation reste encore flou pour le grand public. Qu’est-ce que la médiation ? 

C’est l’art de faire rentrer en interaction deux personnes par l’intermédiaire d’une troisième. La troisième personne est ici le chien. Le chien va assister un professionnel du soin (ergothérapeute, infirmier…) ou du lien social (éducateur spécialisé, …) dans son travail. Il va créer la situation d’interaction : ce processus exige de lui de la compréhension du comportement humain et de la concentration. Là où l’animal donne l’impression d’être un très bon chien de famille, il est en fait un professionnel aguerri qui a reçu une formation centrée sur le travail d’interactions, d’adaptation, de confiance, d’écoute, d’obéissance et de patience.

Commande

Chien bien éduqué

Chien de médiation

Marche en laisse

Sait marcher en laisse

Sait marcher en laisse avec une personne sans déficience, mais également avec une personne à mobilité réduite et à côté d’un fauteuil roulant.

Rencontre avec un ou des inconnus

N’a pas besoin d’interagir avec des inconnus, peut donc rester indifférent

Reste docile mais fait preuve de curiosité

Interaction plus poussée avec un ou des inconnus

N’a pas besoin d’interagir avec des inconnus, peut donc rester indifférent

Sait s’adapter au public car il observe les personnes et sait susciter des interactions

Patience

Est rarement sollicité pour rester de longues périodes assis ou couché

Doit avoir la patience de maintenir de la même position sur de longues périodes

Contact physique avec des inconnus

Doit simplement s’écarter s’il ne souhaite pas de contact

Apprécie d’être caressé et brossé, ce qui le rend tolérant à des manipulations sur de longues périodes

Comportements étranges (personnes handicapées psychiques)

Un bon chien de famille peut exprimer de la peur, de la colère ou de l’incompréhension face à un comportement qu’il ne comprend pas parce qu’il n’est pas ordinaire (cris, refus de regarder dans les yeux, tocs, … )

Un chien de médiation fait suffisamment confiance à son référent pour ne pas être effrayé et apprendra même à adapter ses réactions face à certaines attitudes

Le chien de médiation est d’abord un chien choisi parmi d’autres pour certaines qualités, notamment sa recherche du contact humain et une certaine appétence pour les jeux ou le brossage. Cependant, il doit bien passer par un processus d’apprentissage pour acquérir les compétences mentionnées dans les items du tableau ci-dessus. Le tableau ci-dessus n’a pas prétention à être exhaustif : selon le public avec le chien de médiation est amené à travailler, il doit faire valoir de compétences spécifiques.

 

 

Le chien de médiation n’est donc pas juste un chien bien éduqué : c’est un animal dont les qualités professionnelles sont réelles et vérifiées.

Merci à Héloïse et Jean-Pierre des chiens médiateurs et d’utilité de l’Est qui ont relu cet article avant publication.